Notre Semaine d’Eco-Volontariat Avec Expédition MED

Voile du bateau hissée avec le logo d'Expédition MED dessus

Et si on faisait de l’éco-volontariat cet été ? Nous voilà à bord du voilier d’Expédition MED ! Nous avons réalisé des prélèvements à la surface de l’eau en Méditerranée afin d’étudier l’impact du plastique sur les éco-systèmes marins. Et c’est pas joli joli !

Cette année, afin d’intégrer notre démarche écolo à nos vacances, nous sommes partis une semaine en éco-volontariat !

Mais c’est quoi au juste être éco-volontaire? Rassurez-vous, on s’est posé la même question 🙂 Eh bien en tant qu’éco-volontaires, nous aidons bénévolement un projet lié à la préservation de l’environnement et de la biodiversité. Quoi de mieux pour s’engager pendant les vacances ?

Nos sacs sont prêts ! On y va ?
On est prêts à partir !

Nous nous sommes donc tournés vers Expédition MED, une association qui étudie les problèmes liés au plastique en mer. Pendant une semaine sur un voilier, nous avons assisté une équipe de scientifiques sur des prélèvements en mer Méditerranée, de l’embouchure du Rhône jusqu’à Marseille ! 

On vous raconte tout ça ?

L’association Expédition MED

Expédition MED, sous-titrée “Stop plastic in the sea”, est une association à but non-lucratif fondée il y a une dizaine d’année. Elle mène régulièrement des actions de sensibilisation ainsi que des recherches scientifiques autour de la pollution plastique en mer, notamment en Méditerranée (MED signifie Méditerranée En Danger 😛 ).

logo d'Expédition MED
Expédition MED | Site Web & Page Facebook

Chaque été, l’association organise une expédition scientifique de plusieurs semaines afin d’analyser les déchets plastiques en Méditerranée. Ces recherches, menées en partenariat avec des laboratoires européens, aboutissent à des publications sur le comportement et l’impact du plastique en mer !

Cette aventure réunit sur un même bateau des bénévoles venant d’horizons différentes: des marins, des scientifiques mais également des éco-volontaires qui souhaitent donner un coup de main ! Tous prennent part à la vie du bateau, ainsi qu’aux prélèvements scientifiques.

Un peu de contexte…

Les mers, océans et fleuves sont remplis de plastiques qui remontent la chaîne alimentaire. C’est pas nouveau…

A ce titre, vous ne le savez peut-être pas : la Méditerranée est la mer la plus polluée en plastique du monde. Le Nil déverse la majorité du plastique, mais la France contribue également à cette pollution via le Rhône qui se déverse à côté de Marseille !

Ce qu’on peut trouver en mer… (Source: unsplash)

Cependant, les scientifiques ne comprennent pas encore totalement les impacts du plastique sur les écosystèmes marins.

Les biologistes Linda Amaral-Zettler et Erik Zettler ont toutefois découverts que les déchets plastiques en mer sont d’excellents nids à bactéries ! Ces micro-organismes se sentent à l’aise sur ces déchets qui les abritent et qui leur fournissent de la nourriture à mesure qu’ils naviguent sur l’eau tel un radeau

Il suffit de seulement quelques heures pour qu’un déchet soit colonisé par des communautés microbiennes potentiellement pathogènes pour la faune marine et … pour nous. Ce phénomène appelé “Plastisphère” a de quoi inquiéter.

Image au microscope électronique de bactéries du genre Vibrio présentes sur un morceau de plastique
Bactéries du genre Vibrio présentes sur un morceau de plastique vues au microscope électronique (Erik Zettler)

On y aurait notamment retrouvé des bactéries du genre Vibrio responsables de maladies gastro-intestinales chez les poissons. Histoire de vous rassurer un peu plus: sachez qu’une bactérie du genre Vibrio est responsable du choléra chez l’Homme !

Afin d’en savoir plus, Expédition MED s’est associée avec les laboratoires UMONS (Belgique) et NIOZ (Pays-Bas) pour prélever des déchets plastiques en mer et analyser les communautés bactériennes qui s’y trouvent !

C’est parti pour l’aventure !

C’est à bord du Free Soul, voilier de 17 mètres, que s’est déroulée l’expédition de 2019. Du 15 juillet au 9 août, son équipage a effectué des prélèvements sur la côte Méditerranéenne française, entre St Laurent du Var et l’embouchure du Rhône.

Carte représentant le trajet de la campagne 2019 d'Expédition MED
Trajet de la campagne 2019 d’Expédition MED.

Nous avons rejoint l’aventure le 3 août à Port Saint Louis du Rhône. Cette ville portuaire située à l’embouchure du Rhône ne brillait pas vraiment par son absence de déchets plastique ! De quoi donner le ton pour la semaine…

Beaucoup de déchets présents dans la nature et dans la rue à Port Saint Louis du Rhône
Ce que l’on pouvait voir à Port Saint Louis du Rhône…

A bord, nous avons été accueillis par Giulio Cesare (Oui oui, Jules César !) le capitaine du Free Soul, Pauline la cuistot, et Tosca, Laura et Jeremy, les scientifiques.
Nous étions 5 éco-volontaires ainsi qu’un service civique, tous d’horizons et d’âges différents !

Photo du voilier, le Free Soul, dans lequel nous allons embarquer
Le Free Soul, notre maison pour une semaine !

En une semaine, nous avons effectué une bonne dizaine de prélèvements: dans le Rhône, dans la baie de Marseille ainsi qu’au large !
En tout, l’expédition a généré plus de trente échantillons qui seront très bientôt exploités par les chercheurs.

Comment se passe un prélèvement ? 

Les prélèvements en mer se font avec un filet Manta (qui tire son nom de la raie manta). Il est mis à l’eau pendant une demi-heure et récolte tout ce qui se trouve à la surface de l’eau: des algues, des feuilles mais aussi … du plastique !

Petite anecdote : à partir du moment où on commence un prélèvement, plus le droit d’aller aux toilettes ! Comme elles sont directement reliées à la mer, on ne veut pas que nos petits besoins se retrouvent dans le prélèvement 😛

Le filet Manta à l'eau : il rase la surface de l'eau pendant 30 minutes pour effectuer un prélèvement
Notre super Manta qui affronte les vagues pour effectuer un prélèvement.

En tant qu’éco-volontaires, nous avons participé à 3 postes

  • descendre et remonter le filet, ainsi que relever les données océanographiques comme la salinité, le pH et le taux d’oxygène de l’eau de mer à l’aide d’un capteur. Ces valeurs permettront de mieux comprendre les conditions dans lesquelles se développent les bactéries.
Remontée du filet Manta
Remontée du Manta après une demi-heure de prélèvement dans les calanques de Marseille.
  • la microbiologie, qui consiste à préparer les échantillons pour les laboratoires : les bouts de plastique retrouvés dans le Manta, mais également des échantillons de l’eau de mer. Comme les prélèvements vont être analysés en laboratoire, la préparation de ces échantillons se faisait le plus possible dans des conditions stériles (pas si simple sur un bateau 😉 ) .
Marion et Jérémy cherchent du plastique dans le seau contenant le prélèvement
A la recherche de fragments de plastique dans le prélèvement.
morceau de plastique mis sur une règle, afin d'évaluer sa taille
Les morceaux trouvés peuvent parfois être minuscules ! Ici un microplastique, de moins de 5 mm.
  • la prise de note, qui est très importante car on recense toutes les données du prélèvement. Le scribe doit également prendre en photo les échantillons retrouvés !
Marion prend des notes
Ça bosse dur ! Il faut être très attentif aux chiffres que l’on nous donne.

Sur chaque poste, nous avons travaillé en binôme : un membre de l’équipe scientifique et un éco-volontaire. Même si nous n’y connaissions rien, les scientifiques ont pris le temps de nous expliquer chaque étape afin qu’on puisse prendre part aux manipulations ! Aucun pré-requis n’était nécessaire 🙂

La pêche était bonne ?

A chaque récupération du Manta, c’est la surprise : le filet a-t-il capturé du plastique ? et en quelle quantité surtout !

Etonnement, la plupart de nos prélèvements ne contenaient qu’un ou deux fragments de plastiques, souvent de la famille des microplastiques (moins de 5 mm).

Mais il y a eu des exceptions ! Notamment dans la baie de Marseille, malheureusement… Nous avons récolté parfois plus de 10 bouts de plastique de plus d’un centimètre dans un seul prélèvement !
Pour vous donner une idée, voilà quelques photos :  

Déversement de ce que contient le collecteur dans un seau rempli d'eau de mer
Ce que le filet Manta a récupéré près des plages de Marseille. Il y a de la matière organique mais également des matières synthétiques comme du plastique.
photo du seau contenant un prélèvement
On part à la pêche au plastique ?
morceau de plastique posé sur une règle pour mesurer sa taille : plus d'1 cm
Ce morceau de plastique retrouvé à Marseille mesure plus d’un centimètre ! Il sera envoyé en laboratoire pour analyser les colonies de bactéries qui s’y trouvent.
tube contenant un plastique long de plusieurs centimètres, il ressemble à une longue fibre
Fibre de plusieurs centimètres de long.
tube contenant un gros morceau de plastique, qui est bien colonisé par les bactéries
Au vu des tâches noires sur le plastique, les bactéries ont bien colonisé ce fragment !
on retrouve encore du plastique une fois le prélèvement filtré
Tosca et Laura trouvent (encore) un morceau de film plastique à Marseille…

Rien qu’en passant dans la baie de Marseille, on a pu rencontrer un gobelet en plastique, un paquet de chips et une barquette alimentaire flotter à la surface de l’eau ! Pour la barquette, nous sommes même partis à la pêche avec notre épuisette 😉

Tosca, notre responsable scientifique, va à la pêche au plastique. Dans la baie de Marseille, elle récupère une barquette alimentaire non ouverte avec sa super épuisette !
Tosca, notre responsable scientifique, va à la pêche au plastique. Dans la baie de Marseille, elle récupère une barquette alimentaire non ouverte avec sa super épuisette !

En plus de ces déchets visibles à l’œil nu, les laboratoires trouvent régulièrement des morceaux microscopiques dans les échantillons envoyés ! Donc ce n’est pas parce qu’on ne voit rien qu’il n’y a rien !

On vous rassure, il y a encore des poissons en mer ! Nous avons eu l’occasion d’en voir lors de nos plongées improvisées dans les calanques entre deux prélèvements 🙂 Mais il est triste de voir autant de pollution autour des zones de baignade.

La vie à bord !

A 11 personnes sur un bateau, il faut savoir s’organiser ! Tout le monde participait au bon déroulement de la semaine et nous étions ravis d’aider à la vie du bateau (les fameux quarts de vaisselle entre autres !).

Aladin avec une corde, prêt à la lancer sur le quai pour accrocher le bateau, le temps de passer l'écluse
Aladin aide lors du passage de l’écluse.
Marion sort sa tête de l'escalier qui descend dans la partie habitable du bateau
Marion dans le petit escalier vers les chambres, la cuisine, les salles de bain…

Mais en dehors des quelques prélèvements par jour qui nécessitent un peu d’implication, c’était quartier libre ! De quoi se sentir en vacances 🙂
Les navigations et prélèvements dépendaient de la météo et de l’état de la mer, mais nous avons été plutôt chanceux 😀

Photo de l'arrière du bateau à 5h du matin : lever de soleil et filet manta qui flotte au vent
Petit prélèvement matinal avant que le vent ne se lève. Debouts à 5h … Mais ça donne une belle photo !

Qui dit navire dit ressources limitées ! Il nous a fallu faire attention à notre consommation d’eau douce, de gaz et de nourriture. Mention spéciale à Pauline et Laura qui nous ont régalés d’une cuisine quasi zéro-déchet et de pâtisseries réalisées avec les moyens du bord !

Même si nous étions parfois un peu à l’étroit, la bonne ambiance était toujours au rendez-vous ! Nous avons rapidement appris à nous connaître et chacun apportait sa personnalité à l’équipage 🙂

Aladin et Marc, le service civique, un peu à l'étroit dans leur cabine
Pas beaucoup de place pour dormir… Mais on garde le sourire !

Pour résumer : rigolades, super soirées, détente, petits ploufs dans l’eau, de supers paysages, … Une vie à bord bien remplie et une semaine inoubliable !

Les calanques de Sormiou
Dans les calanques de Marseille, à Sormiou.
La côte en arrivant à Marseille
De beaux paysages le long de la côte !

On recommande vivement !

Notre première expérience en éco-volontariat a été une agréable surprise ! Ce fut une excellente manière de s’engager pendant les vacances. Nous avons pu voir de nos propres yeux la pollution plastique en mer, qui choque beaucoup plus en vrai qu’en photo. De plus, en participant activement aux prélèvements, nous avons pu découvrir l’envers du décor des publications scientifiques.

Nous avons également rencontré des personnes très ouvertes et aussi soucieuses de l’environnement que nous. C’était ainsi une super semaine pleine de nouvelles connaissances, de rigolades et de joie !

La voile est hissée, nous partons au large. En arrière plan, un cargo énorme qui arrive sur Marseille
La mer étant trop agitée, pas de prélèvement possible. Nous partons donc faire un petit tour en voile ! On se sent petits au milieu des cargos….
Photo de groupe, tout l'équipage réuni autour de la table
L’équipage quasi au complet !

Nous ne pouvons que recommander de partir en mer avec Expédition MED ou de participer à tout autre type d’éco-volontariat 🙂 Cette expérience nous a confirmé que le recyclage du plastique n’est pas une solution et qu’il faut vite y trouver des alternatives dans notre quotidien.

Si vous voulez en savoir plus sur les travaux d’Expédition MED, l’association organise une exposition de sensibilisation qui tourne un peu partout en France. N’hésitez pas à aller y faire un tour et à les suivre sur Facebook !

N’oubliez pas de partager cet article autour de vous 😀

Reportage de France 3 PACA sur l’expédition de 2019 !
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2 réponses sur “Notre Semaine d’Eco-Volontariat Avec Expédition MED”

  1. Bonjour,
    Mais c’est génial comme initiative !!! Je découvre Expedition Med
    Je suis plongeur et effectivement je suis effaré , scandalisé par ce que l’on retrouve en mer .
    Le pire a été à Bali avec plongée de nuit dans les plastiques juste à côté d’une réserve naturelle . Ou en Thailande ….Ou pire les plastiques du fleuve Irrawaddy qui déverse tout cela dans le Golfe du Bengale … Merci de me donner des informations pour participer à vos projets
    Frédéric

    1. Frederic
      Il y aura très vite une autre façon de faire bouger les choses avec l’association A3ER mettant en place un bateau « éboueur » sur la méditerranée cata de 23 m de long 10 m de large capable de récupérer les déchets flottants et coulés avec l’appui de bénévoles ayant des capacités diverses et faire partager ses compétences pour une action efficace pour vaincre la pollution en méditerranée

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